I. INTRODUCTION
La palĂ©oclimatologie est la science qui Ă©tudie le climat du passĂ©, sur des milliers voire des millions d'annĂ©es et tente de reconstituer les conditions climatiques qui ont rĂ©gnait Ă la surface terre et d’en expliquer les causes et les consĂ©quences de leur la variabilitĂ© naturelle.
La terre a connu de nombreux changements climatiques durant son histoire (fig. 1). Certaines pĂ©riodes ont Ă©tĂ© beaucoup plus froides, d'autres beaucoup plus chaudes qu'aujourd'hui. Au cours des 600 derniers millions d'annĂ©es, ce n'est pas moins de trois refroidissements climatiques majeurs qui se sont produits, formant Ă la fois une calotte glaciaire. Le dernier, il y a 20 millions d'annĂ©es, est Ă l'origine de la formation de l'Antarctique. D'autres pĂ©riodes ont, au contraire, Ă©tĂ© très chaudes, comme il y a 65 millions d'annĂ©es, juste avant la disparition des dinosaures. Il faisait 25°C de moyenne sur la terre contre 15°C aujourd'hui. Les calottes glaciaires avaient alors disparu et les coraux vivaient jusqu’aux latitudes 40° Nord.
Figure 1. Variations de climat global depuis 540 millions d'années. (Web 1)
Pour reconstituer les climats terrestres sur plusieurs millions d'années, on s'appuie sur des indicateurs paléoclimatiques: données sédimentologies, paléontologiques, biologiques, ... :
- la nature de certaines roches sédimentaires est révélatrice de leurs conditions de formation. Exemples des tillites qui sont caractéristiques des climats froids alors que les évaporites sont typiques des climats chauds ;
- le contenu fossilifère des roches sédimentaires permet également de reconstituer le climat sur de grandes échelles de temps. L'extension latitudinale des coraux par exemple permet d'évaluer l'extension de la zone intertropicale ;
Une fois ces données collectées et datées, on peut les replacer dans leur contexte latitudinal grâce à la théorie de la tectonique des plaques et ainsi reconstituer le climat de la terre à des époques lointaines.
La rĂ©alitĂ© de changements de climat parfois considĂ©rables n'est pas contestable. Il est donc convenable d'en chercher les causes. Certaines de ces causes sont Ă rechercher Ă l'intĂ©rieur du globe, dans les mouvements de sa lithosphère ainsi que dans le volcanisme. D'autres viennent de l'extĂ©rieur, comme les variations du rayonnement solaire, les variations de l'orbite terrestre, les apports de matière qui peuvent nous venir de l'espace (mĂ©tĂ©orites et comètes), …
Dans ce rapport bibliographique et afin de bien décrire les variations climatiques anciennes:
- dans un premier chapitre nous allons rappeler les indicateurs paléoclimatiques marins et continentaux;
- dans un second chapitre on essayera d'exposer les différentes causes des variations climatiques anciennes.
II. INDICATEURS PALEOCLIMATIQUES
La première Ă©tape des Ă©tudes palĂ©oclimatiques consiste Ă reconnaĂ®tre, dans les enregistrements du passĂ©, la trace des variations climatiques. Cela est rendu possible par le fait que les conditions climatiques ont une influence sur les objets et sur les ĂŞtres vivants que l’on peut aujourd’hui retrouver en tout ou partie, principalement sous la forme de sĂ©diments, de glace ou de fossiles .
II.1. Roches
Un certain nombre de roche ont une signification climatique : les moraines anciennes et les autres traces des phénomènes glacières, les évaporites, les formations rouges et les bauxites, les formations éoliennes et les charbons. (Furon, 1972)
II.1.1 Traces des phénomènes glaciaires
La glace est un excellent support d’enregistrement palĂ©oclimatique. Elle peut ĂŞtre Ă©chantillonnĂ©e dans les glaciers de montagne et dans les calottes polaires. Cependant, les premiers ne permettent de remonter que quelques dizaines de siècles en arrière, contre plusieurs centaines de millĂ©naires pour les secondes, auxquelles on s’attachera plus particulièrement. (Foucault, 2009)
a. Forme des vallées : la plupart des vallées glaciaires ont un profil en U, mais pas toutes.
b. Moraines : sont formĂ©es d’accumulations de rochers, de cailloux de sables et/ou de particules plus fines entraĂ®nĂ©s par la glace. Ce matĂ©riel sĂ©dimentaire est caractĂ©risĂ© par un très mauvais classement granulomĂ©trique et les moraines anciennes sont dites tillites (Foucault, 2009) (du terme Ă©cossais till, crĂ©e par PENCK en 1906). (Furon, 1972)
En Afrique de l’Ouest, mais aussi en Australie, en Inde, au BrĂ©sil et en Antarctique, on a repĂ©rĂ© des tillites âgĂ©es de 300 millions d’annĂ©es (fig. 2). Elles sont associĂ©es Ă des roches polies et striĂ©s. Ces rainures (fig. 3) sont autant de traces de l’action Ă©rosive passĂ©e des glaciers. Le socle sur lequel s’Ă©coule le glacier est « burinĂ© » par les roches enchâssĂ©es au fond de la langue glaciaire. Dans le mĂŞme temps, ce socle est poli et la surface des roches prend un aspect caractĂ©ristique : surfaces planes plus ou moins ondulĂ©es qualifiĂ©es de roches « moutonnĂ©es ». L’Ă©tude prĂ©cise de ces vestiges glaciaires permet de reconstituer le sens d’Ă©coulement de la glace et d’Ă©tablir l’Ă©tendue passĂ©e de la calotte glaciaire. (Web 2)
Figure 2. Répartition des tillites à la surface de la terre au Permo-Carbonifère. (Web 2)
Figure 3. Roches moutonnées et striées du Carbonifère. (Web 2)
II.1.2. Evaporites
La nature mĂŞme des sĂ©diments peut fournir des indications concernant les climats sous lesquels ils se sont dĂ©posĂ©s. D’une façon gĂ©nĂ©rale, on ne pourra cependant pas en attendre de grandes prĂ©cisions, la mesure quantitative des paramètres climatiques n’Ă©tant gĂ©nĂ©ralement pas accessible. Cependant, c’est souvent le seul moyen d’accĂ©der Ă la connaissance des climats de pĂ©riodes anciennes. (Foucault, 2009)
a. Définition
Les Ă©vaporites sont des sĂ©diments dont le dĂ©pĂ´t a Ă©tĂ© provoquĂ© par l’Ă©vaporation. Il s’agit essentiellement des dĂ©pĂ´ts de gypse (CaSO4, 2H2O), anhydrite (CaSO4), sel gemme (ou halite), carnallite (KMgCl3, 6H2O), Sylvine (KCl). (Furon, 1972)
b. Volume des évaporites et salure moyenne des océans
Nous avons admis que la salure moyenne des ocĂ©anes ne devait pas s’ĂŞtre beaucoup modifiĂ©e au cours des temps gĂ©ologiques et cela pour des raisons essentiellement biologiques. Il n’est donc pas inutile d’examiner et de calculer le volume probable des Ă©vaporites et leur influence sur cette salure moyenne des ocĂ©ans.
En 1968, G.BUSSON a montrĂ© que plusieurs centaines de mètres de sels s’Ă©taient dĂ©posĂ©s sur la plate-forme saharienne pendant le Trias supĂ©rieur et le Lias. La surface intĂ©ressĂ©e est de l’ordre de 500000km² et le volume des sels dĂ©posĂ©s est de l’ordre de 100000km³.
En 1970, A. MEYRHOFF a calculĂ© le volume des principaux dĂ©pĂ´ts d’Ă©vaporites connus de l’Infracambrien (Lipalien) jusqu’Ă la fin du Permien, soit pendant 750 millions d’annĂ©es environ. Il propose les chiffres de 652000 km³ pour le DĂ©vonien, 733000 km³ pour le Permo-Carbonifère, ce qui donne une total de 1999000km³, soit 2 millions de kilomètres cubes en chiffres ronds.
On peut admettre, en plus, que, du Trias Ă nous jours (250 millions d’annĂ©es), les Ă©vaporites ont atteint un volume de 500000km³, soit un total de 2 millions et demi de kilomètres cubes depuis 1 milliard d’annĂ©es environ.
c. Climats propices aux dĂ©pĂ´ts d’Ă©vaporites
Parlant de Paléoclimatologie, il faut en venir aux climats favorisant le dépôt des évaporites, question fort longtemps discutée et G. BUSSON (1968) et A. AMEYERHOFF (1970) ont mis tout cela parfaitement au point.
Avant toute proportion, rappelons qu’il ne faut pas confondre les dĂ©pĂ´ts millimĂ©triques et ceux de plusieurs dizaines ou centaines de mètres. Les dĂ©pĂ´ts millimĂ©triques peuvent se former sous des climats très froids Ă saison sèche. B. FRISTRUP (1953) a dĂ©crit dans le Groenland septentrional des croutes de sel, formĂ©es de chlorures et de sulfates de magnĂ©sium et de calcium, provenant de l’assèchement de bassins fermĂ©s, alimentĂ©s par la fonte des neiges, qui assĂ©chĂ©s pendant l’Ă©tĂ© sec et ensoleillĂ©. R. GREEN (in NAIRN, 1961) a prĂ©cisĂ© la rĂ©partition des Ă©vaporites en latitude :
Temps géologique |
Latitude |
Tertiaire |
entre 10° et 50° Nord |
Crétacé |
entre 5° et 40° Nord, entre 0° et 20° Sud |
Jurassique |
entre 25° et 50° Nord, entre 0° et 35° Sud |
Trias |
entre 25° et55° Nord, entre 3° et 5° Sud |
Permien |
entre 25° et 55° Nord, entre ? et 25° Sud |
Carbonifère |
entre 35° et 55°Nord, entre 0° et 15° Sud |
Dévonien |
Entre 45° et 65° Nord, ? |
Silurien |
Entre 35° et 75° Nord, ? |
Ordovicien |
Entre 35° et 83° Nord, ? |
Cambrien |
Entre 25° et 75° Nord, ? |
Tableau 1. Répartition des évaporites en latitude. (Furon, 1972)
Il semble que pendant les pĂ©riodes chaudes, la tempĂ©rature devait atteindre 30°C par 70° de latitude Nord, au lieu de 1-4 °C actuellement. (Furon, 1972)
Figure 4. Distribution latitudinale des évaporites du Permien à l'actuel et mise en évidence des évaporites massives de l'Atlantique Sud (in Warren, 2010; d'après Ziegler et al. 2003). (Le cadre rouge représente les évaporites déposées au Crétacé à des latitudes tropicales à subtropicales).
II.1.3. Formations rouges
Les roches de teinte plus ou moins rouge ont donné lieu pendant longtemps aux interprétations les plus diverses :
a. Grès rouges : Ă certaines pĂ©riodes des temps gĂ©ologiques, on observe d’immenses Ă©tendues recouvertes de grès rouges ; exemples des Vieux Grès Rouges du DĂ©vonien ou des Nouveaux Grès Rouges du Permo-Trias. Il s’agit avant tout de sĂ©diments d’origine dĂ©tritique, provenant de la destruction de nouveaux reliefs : chaĂ®nes calĂ©doniennes pour les Vieux GrĂ©s rouges et chaĂ®nes hercyniennes pour les Nouveaux Grès Rouges.
Figure 5. Couleur rouge typique du grès du Permo-Trias. (Web 3)
La prĂ©sence de grandes Ă©tendues de grès rouges donne de prĂ©cieuses indications sur le climat d’une rĂ©gion (fig. 5): chaud, alternativement sec et humide et non pas dĂ©sertique ou subdĂ©sertique comme on l’a cru pendant longtemps ;
b. Bauxites : sont de prĂ©cieux minerais d’aluminium, ce pourquoi on leur un intĂ©rĂŞt particulier. Les gisements de bauxite proviennent du remaniement d’anciens sols latĂ©ritiques. L’alumine a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e Ă partir de latĂ©rites prĂ©existantes, ce qui implique une dĂ©nudation partielle ou totale et un changement de climat ;
c. SidĂ©rolithique : formation d'argiles rougeâtres Ă concrĂ©tions ferrugineuses dĂ©rivant d'anciens sols et pouvant ĂŞtre exploitĂ©e pour le fer. On retrouve des faciès sidĂ©rolithique dans tous les pays du monde et Ă toutes les Ă©poques. Il s’agit toujours du remaniement de formations latĂ©ritiques antĂ©rieures, formĂ©es sous manteau forestier en climat intertropical Ă deux saisons. Ils indiquent donc un changement de climat (ou de relief) ayant provoquĂ© la disparition de la forĂŞt et de la couverture latĂ©ritique dans des rĂ©gions relativement voisines. (Furon, 1972)
II.1.4. Formations éoliennes
Les dunes anciennes sont Ă©videmment constituĂ©es par les mĂŞmes Ă©lĂ©ments, des dunes actuelles, mais les sables ont Ă©tĂ© transformĂ©s en grĂ©s. Plusieurs auteurs ont rĂ©ussi Ă prĂ©ciser la direction des vents dominants en recherchant les traces de barkhanes fossilisĂ©e. Les exemples valables restent rares. En analysant de tels faciès (fig. 6), F.G. POOLE (1964) pense que pendant le Permien, les vents dominants des Etats-Unis (entre 35° et 43° de latitude Nord) Ă©taient surtout du NNE, comparables aux (trade winds) actuels du Nord-Est. Au Trias supĂ©rieur, le vent semble passer au NW et la flore du Colorado se modifie, Ă©voquant un climat subtropical.
Figure 6. Reconstitution de la direction des vents dans les grès dunaires de la Formation Navajo (Jurassique infĂ©rieur des États-Unis), d’après F. G. Poole, 1962, 1964.
Largement reprĂ©sentĂ©e dans le centre des États-Unis, la formation grĂ©seuse Navajo (zone d’affleurement en grisĂ© sur la carte) est constituĂ©e majoritairement par des dunes anciennes dont les structures (visibles sur la photo de Checkerboard Mesa, Parc national de Zion) permettent de reconstituer les directions des vents (marquĂ©es par des flèches) qui les ont constituĂ©es. (Foucault, 2009)
II.1.5. Charbons
Le charbon est une roche sĂ©dimentaire d’origine organique, dont les couches alternent avec des niveaux stĂ©riles (schistes, grĂ©s, conglomĂ©rats, etc.) et qui s’est dĂ©posĂ©e dans des bassins de subsidence pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres de profondeur.
L’examen des vĂ©gĂ©taux et des animaux retrouvĂ©s dans les bassins charbonniers carbonifères laisse penser qu’il s’agissait d’un milieu chaud et humide, intertropical, sinon Ă©quatorial. Toutefois les sĂ©diments de ces mĂŞmes bassins ne donnant pas la mĂŞme impression. L’examen des minĂ©raux argileux a permis de rappeler que la prĂ©sence d’illite, de minĂ©raux micacĂ©s et de feldspaths est incompatible avec l’existence de climats tropicaux humides.
Il faut ensuite dĂ©passer ce cadre classique du Houiller d’Europe occidentale et se souvenir de l’existence d’une belle flore Ă charbons depuis la bordure nord du Sahara jusqu’au Nord-Est du Groenland. Le climat se trouve confirmĂ© par la prĂ©sence de mers chaudes Ă Fusulines recouvrant les couches Ă charbon du Carbonifère moyen. (Furon, 1972)
II.2. Fossiles
La faune et la flore peuvent donner de bonnes indications si l’on connait leur Ă©cologie. De plus, nous commençons Ă disposer d’une nouvelle mĂ©thode permettant de prĂ©ciser des palĂ©o-tempĂ©ratures en degrĂ©s centigrades d’après l’analyse isotopique de l’oxygène contenu dans le carbonate de calcium des coquilles de nombreux Mollusques, des rostres de bĂ©lemnites, ainsi que des tests de Foraminifères. (Furon, 1972)
II.2.1. Flores
La palynologie est principalement l’Ă©tude des pollens et des spores (Fig. 7), mais aussi celle des organismes microscopiques Ă paroi organique (Acritarches, Chitinozoaires, DinoflagellĂ©s, etc.) qui, comme eux, rĂ©sistent Ă l’action des acides forts (acide fluorhydrique, acide nitrique) utilisĂ©s pour leur dĂ©gagement. Ces restes organiques sont dĂ©signĂ©s sous le nom de palynomorphes. (Foucault, 2009)
Pollens et spores sont le plus souvent Ă©chantillonnĂ©s Ă partir de carottes prĂ©levĂ©es dans des lacs, des tourbières ou en mer. De façon gĂ©nĂ©rale, on peut considĂ©rer que ces carottes permettent de reconstituer la pluie pollinique aux Ă©poques correspondant aux sĂ©diments Ă©tudiĂ©s. Cette pluie pollinique peut donner des indications sur la vĂ©gĂ©tation qui en Ă©tait Ă l’origine (fig. 8). (Cours Amhoud)
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Figure 7. Spores trilètes du Silurien. (Web 4)
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Figure 8. Spectre pollinique : variations climatiques, paléoclimats et détermination des zones de végétations. (Web 5)
a. Transport des pollens à la limite Crétacé-Tertiaire
Le pollen fossile retrouvé dans les roches sous la limite Crétacé-Tertiaire à la pointe Zahursky nous indique qu'à la fin du Crétacé, le paysage était dominé par des forêts clairsemées de gymnospermes (conifères à cônes) et leur sous-étage de fougères, et de clairières couvertes de fougères et d'angiospermes (arbustes à fleurs et herbes). Un grand nombre de ces angiospermes produisaient du pollen semblable à celui des plantes exotiques modernes, et il est donc juste de croire que ce pollen devait produire des fleurs colorées et odorantes, abondantes en nectar et bien adaptée à la pollinisation par les animaux (fig. 9). (Web 6)
Figure 9. Transport des pollens par le vent et par les animaux. (Web 6)
Au-dessus de la limite Crétacé-Tertiaire, les plantes fossiles nous indiquent une réalité bien différente : au début du Tertiaire, le paysage se composait aussi de marécages, de lacs et de rivières, et de forêts de conifères, de fougères et d'angiospermes. Cependant, la plupart des pollens provenant des fleurs du Tertiaire ont des formes plus simples et une sculpture minorée. Dans les plantes modernes, ce type de pollen est bien adapté au transport par le vent. Les observations paléontologiques dans le pollen montrent que le changement observé dans la limite Crétacé- Tertiaire, c'est-à -dire des jolies plantes à fleurs complexes aux plantes plus simples pollinisées par le vent, pourrait avoir été causé par l'extinction des animaux pollinisateurs (Web 6).
Comme il a Ă©tĂ© dit, l’examen des pollens rend de grandes services dans l’Ă©tude du Tertiaire et du Quaternaire. On doit cependant prendre garde Ă©ventuellement au rĂ´le du vent, dont on sait qu’il transporte actuellement des quantitĂ©s de pollens Ă plus de 500 kilomètres de leur point d’origine. Des pollens de Podocarpus du Chili ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s en Antarctide et des pollens subfossiles de Nothofagus Ă Tristan da Cunha (VAN STEENIS, 1962).
b. Etude des stomates
Les stomates correspondent Ă des ouvertures Ă la surface des feuilles, au travers desquelles s’effectuent les Ă©changes de dioxyde de carbone et de vapeur d’eau avec l’atmosphère. Depuis quelques annĂ©es, les palĂ©oclimatologues Ă©tudient la densitĂ© des stomates prĂ©sents sur les feuilles. En effet, la vapeur d’eau et le CO2 assurent l’essentiel des flux Ă travers l’Ă©piderme des feuilles. Les plantes doivent optimiser le pompage de CO2, et en mĂŞme temps perdre le moins d’eau possible. Lorsque la pression de CO2 atmosphĂ©rique augmente, la plante rĂ©duit sa proportion de stomates sans souffrir d’une rĂ©duction de l’absorption de CO2. Aussi, d’une manière gĂ©nĂ©rale, la densitĂ© stomatique est-elle inversement proportionnelle Ă la pression de CO2 atmosphĂ©rique (fig. 10). La densitĂ© stomatique, qui permet d’estimer la pression de CO2 des palĂ©oatmosphères, paramètre essentiel du climat, n’est Ă©videmment utilisable qu’Ă partir du DĂ©vonien-Carbonifère soit depuis environ 400Ma, pĂ©riode marquĂ© par le dĂ©veloppement des plantes vasculaires pourvues de feuilles. (Deconinck 2009)
Figure 10. Évolution de la densitĂ© de stomates (en gris) depuis 400Ma comparĂ©e Ă l’Ă©volution de la pression de CO2 atmosphĂ©rique estimĂ©e par d’autres mĂ©thodes. (Royer, 2001)
c. Formes des feuilles Phanérogames
Les feuilles de vĂ©gĂ©taux phanĂ©rogames constituent l’organe qui les met en relation avec l’atmosphère. Il n’est donc pas surprenant que ces feuilles prĂ©sentent des adaptations se conformant aux conditions climatiques dans lesquelles ces plantes se dĂ©veloppent. Sur cette remarque, on a construit des mĂ©thodes permettant de quantifier ces adaptations. L’une de ces mĂ©thodes, dite de l’homologue vivant le plus proche consiste Ă trouver des associations modernes de phanĂ©rogames dont les espèces sont les plus proches possibles de celles d’associations anciennes. On peut penser que les conditions climatiques qui rĂ©gnaient alors, lĂ oĂą ces associations fossiles prospĂ©raient, Ă©taient les mĂŞmes que celles qui prĂ©valent pour les associations modernes. MĂŞme si ce raisonnement peut ĂŞtre recevable dans une certaine mesure, il prĂ©sente bien des dĂ©fauts. L’un est que rien n’assure que ce postulat soit vĂ©rifiĂ© : des espèces apparemment voisines peuvent avoir des Ă©cologies notablement diffĂ©rentes, surtout si beaucoup de temps les sĂ©parent. Un autre est que plus on remonte dans le temps, plus il est difficile de trouver des associations ayant des compositions spĂ©cifiques voisines de celles actuelles. Cette mĂ©thode est donc d’utilisation dĂ©licate. (Foucault, 2009)
Figure 11. Estimation de la tempĂ©rature Ă partir de la physionomie foliaire depuis l’Eocène La comparaison entre l’Ă©volution des tempĂ©ratures calculĂ©es Ă partir des isotopes de l’oxygène (Zachos et al. 2001) et de la physionomie foliaire (Wolfe, J.A., 1993).
II.2.2. Faunes marines
La distribution des animaux marins varie selon le climat ou la tempĂ©rature, la composition de l’eau de mer, la profondeur, la lumière, etc.
a. La composition isotopique des fossiles marins
DĂ©montre qu’en 600 millions d’annĂ©es, la courbe historique du CO2 atmosphĂ©rique a toujours Ă©voluĂ© en parallèle avec la courbe historique des tempĂ©ratures (fig.12). Les pĂ©riodes froides comme le Carbonifère correspondent Ă des niveaux bas de CO2 atmosphĂ©rique, les pĂ©riodes chaudes comme le CrĂ©tacĂ© correspondent Ă des niveaux Ă©levĂ©s de CO2 atmosphĂ©rique. (Cours Amhoud)
Figure 12. Relation entre teneur en CO2 atmosphérique et élévation de température globale moyenne. (Web 7)
b. Reptiles
Sont des animaux terrestres Ă tempĂ©rature variable (ectothermes) et au corps souvent allongĂ© et recouvert d'Ă©cailles. Les Sauriens ont une très grande importance pendant toute la durĂ©e des temps secondaires, on sait Ă©galement que leur taille augmente avec la tempĂ©rature, ou plus exactement que les plus grands Sauriens se trouvaient dans les pays chauds. L’humiditĂ© pouvait ĂŞtre relative, mais ces grands animaux avaient besoin d’un minimum d’eau et de nourriture. Les plus grands Sauriens du Secondaire (Diplodocus et autre) Ă©taient herbivores et pesaient de 30 Ă 50 tonnes. Ils ne pouvaient donc vivre dans des dĂ©serts, ni dans des pays froids puisque la chaleur Ă©tait nĂ©cessaire Ă l’Ă©closion de leurs Ĺ“ufs. Les petits Reptiles, par contre, peuvent s’adapter au climat chaud et sec, voire dĂ©sertique du dĂ©sert, etc.). Parmi les fossiles on cite souvent l’exemple de la tribu d’Aetosaurus du Trias d’Allemagne (fig.13), ensevelie au cours d’une tempĂŞte de sable. (Furon, 1972)
Figure 13. Spécimens fossiles d'Aetosaurus ferratus. (Web 8)
III. CAUSES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
III.1. Mouvements des plaques continentales et orogenèse
La croûte terrestre est formée de plaques mobiles de différentes tailles (figure 14) qui glisse sur le manteau supérieur. Ces plaques ne sont pas immobiles mais en déplacement très lent. A ces déplacements sont associés la formation de montagnes, les tremblements de terre et une fraction importante des éruptions volcaniques, qui ont une influence climatique indéniable.
Figure 14. Plaques terrestres et position contemporaine. (Web 9)
La figure 15 illustre les mouvements depuis le permien. Passage d’un bloc continental relativement continu (La PangĂ©e) avec une distribution assez symĂ©trique des masses continentales entre les deux hĂ©misphères Ă une dislocation progressive associĂ©e Ă l’ouverture de l’ocĂ©an Atlantique depuis le Jurassique et Ă la scission du Gondwana en 5 grands blocs maintenant sĂ©parĂ©s (AmĂ©rique du Sud, Australie, Antarctique, Inde, Afrique). On remarque aussi la fermeture progressive de la MĂ©diterranĂ©e dont l’ancĂŞtre est la TĂ©thys. Les mouvements terrestres sont forcĂ©ment très lents et n’agissent sur le climat qu’Ă des Ă©chelles de temps comprises entre 10 et 100 Ma. (Web 10)
Deux effets peuvent être distingués : les mouvements orogénétiques et l'isostasie et la tectonique des plaques.
Figure 15. Position approximative des plaques terrestres à différentes époques géologiques depuis le Permien. (Web 11)
III.1.2. Rôle de l'orogénèse sur le climat : l'exemple des Rocheuses et du Tibet.
Rocheuses = une chaĂ®ne de montagne liĂ©e au plissement alpin et constitue une surface de plus de 2.5 millions de km2 Ă une altitude base comprise entre 1500 et 2000 mètres. Elles se sont soulevĂ©es Ă un rythme "rapide" de 1.5-2 km lors des 20 derniers millions d’annĂ©es (soit environ 1 mm / an).
Les Rocheuses sont perpendiculaires au flux d'ouest des moyennes latitudes. Elles créent une onde planétaire qui favorise les coulées d'air froid en hiver et des remontées d'air chaud à l'amont, c'est-à -dire sur les grandes plaines américaines. La perturbation est globale en fonction de l'intensité du flux d'ouest.
Le Tibet (4000-5000 mètres sur plus de 2 millions de km2) s'est Ă©levĂ© encore plus rapidement (=2km en 5-10 millions d’annĂ©es).
Le plateau tibétain bien que plus méridional que les Rocheuses affecte également la circulation d'ouest. Son rôle est toutefois plus important dans la circulation tropicale et notamment dans la mousson. Les surfaces déneigées au printemps boréal constituent une source de chaleur sensible par rapport à l'atmosphère libre environnant et contribuent à la mise en place de la convergence qui enclenche la mousson d'été.
Si le Tibet n’Ă©tait pas lĂ ou Ă©tait moins haut, la mousson indienne remonterait beaucoup moins au nord.
Ces deux exemples montrent que des modifications du relief terrestre contribuent à la variabilité climatique sur une échelle supérieure au million d'années. Les conditions de relief peuvent être considérées comme stables en-dessous de cette échelle de temps. (Web 10)
III.1.2. Tectonique des plaques
La dispersion ou le rassemblement des masses continentales influencent de façon notable le climat sur des échelles de temps supérieures à 100 millions.
Les mouvements tectoniques sont frĂ©quemment accompagnĂ©s de volcanisme qui a un impact Ă©ventuel sur le climat · On sait, par exemple, que la configuration actuelle d'un ocĂ©an polaire pratiquement isolĂ©e du reste des ocĂ©ans par un pourtour continental est une configuration favorable Ă une glaciation dans l'hĂ©misphère nord.
L’ouverture du passage de Drake (entre la pointe de l'AmĂ©rique du Sud et la PĂ©ninsule antarctique) a isolĂ© le continent antarctique du point de vue continental et contribuĂ© Ă son englacement permanent.
La fermeture de l'isthme de Panama a entraîné une modification de la circulation océanique profonde puisqu' auparavant les eaux peu salines du Pacifique se mélangeaient avec les eaux salines de l'Atlantique, réduisant ou même stoppant la convection profonde des eaux atlantiques. (Web10)
III.2. Impact météoritique
Les météorites sont des objets venus de l'espace qui parviennent jusqu'au sol terrestre et y creusent des cratères parfois considérables.
L'impact d'une météorite peut changer le climat sur une courte période. Il provoque notamment un nuage de poussière (comme dans le cas des éruptions volcaniques). Ce nuage peut constituer une barrière à la lumière du soleil pendant des années. Il en résulte une réduction des températures et une disparition des plantes et des animaux. Les dinosaures ont par exemple disparu brusquement durant la période entre le crétacé (140 à 65 millions d'années) et le tertiaire (65 à 2 millions d'années). Il est très probable que l'impact d'une météorite géante dans le Yucatán (Mexique) en soit la cause. L'impact de cette météorite a formé un cratère de 180 kilomètres de large qui a provoqué un gigantesque tsunami. Aujourd'hui, le cratère se situe à des centaines de mètres sous la surface de la Terre et n'est plus visible. (Web 12)
L’iridium : est un mĂ©tal gĂ©nĂ©ralement
très rare sur la terre. Il est le plus souvent associé au platine.
Pourtant on le trouve, en
quantité significativement plus importante que partout ailleurs, dans une
couche géologique, relativement peu épaisse, et qui fait la jonction entre le
Crétacé et le Tertiaire, c'est-à -dire âgée de 65 millions d'années. On trouve
aussi, au Mexique, plus précisément dans le Yucatan, la trace d'un impact météoritique
de grande dimension et que l'on date de la même époque.
On fit donc l'hypothèse que la couche de cendre riche en iridium (fig.16) est ce qui reste des dépôts de poussières provenant des formidables nuages qu'a dû faire naître l'écrasement de cette météorite avec notre planète. (Web 13)
Figure 16. La couche d’argile noire datĂ©e de 65 Ma contient une forte quantitĂ© en iridium, Ă©lĂ©ment normalement abondant dans les mĂ©tĂ©orites et les produits volcaniques. (Web 14)
III.3. Rotation de la terre
La terre parcourt une orbite ovale autour du soleil. Lorsque cette orbite change légèrement, certaines parties de la Terre se rapprochent du soleil et d'autres s'en éloignent. Ceci entraîne un réchauffement des parties qui se rapprochent du soleil et un refroidissement de celles qui s'en éloignent. La théorie de Milankovitch explique comment les variations de l'orbite autour du soleil, de l'angle d'inclinaison de l'axe de la Terre et influencent la température de la Terre. Ces dernières entraînent donc une variation de la température sur Terre et expliquent les passages successifs des périodes glaciaires aux périodes interglaciaires au cours des 2,5 millions d'années passées. (Web 12)
III.4. Modification de l’atmosphère et de l’albĂ©do de la terre
Du rayonnement solaire envoyĂ© intercepter par la terre, 31 % (albĂ©do) est rĂ©flĂ©chi par les nuages, la glace, les rĂ©gions dĂ©sertiques et certains aĂ©rosols. Le reste est absorbĂ© par l’atmosphère, le sol et les ocĂ©ans, qui s’Ă©chauffent et Ă©mettent des rayonnements infrarouges. La rĂ©partition de la tempĂ©rature Ă l’intĂ©rieur de l’atmosphère dĂ©pend de sa composition, notamment en gaz Ă effet de serre. Le bilan climatique peut donc varier si ces conditions sont modifiĂ©es, soit qu’elles s’opposent Ă l’entrĂ©e du rayonnement incident, soit qu’elles contribuent Ă un accroissement de l’effet de serre. Parmi les phĂ©nomènes qui peuvent s’opposer Ă l’entrĂ©e du rayonnement solaire incident, on peut comprendre les Ă©ruptions volcaniques qui projettent dans l’atmosphère des quantitĂ©s parfois considĂ©rables de très fines particules de gaz et de cendres volcaniques. Leur impact climatique est encore difficile Ă Ă©valuer car des observations prĂ©cises des modifications atmosphĂ©riques induites par ces phĂ©nomènes ne peuvent se faire que par satellite et l’on ne possède, de ce fait, qu’un recul insuffisant. Il semble que cet impact dĂ©pende beaucoup de la latitude des volcans et delĂ composition des gaz Ă©mis (notamment du flux de SO2) autant ou davantage que des poussières. (Foucault, 2009)
Figure 17. Impact d’une Ă©ruption volcanique sur l’atmosphère (V. Courtillot, 2009)
Vers le haut, l’Ă©mission d’aĂ©rosols et de gaz s’oppose Ă l’entrĂ©e du rayonnement solaire. Vers le bas, l’absorption, par ces Ă©lĂ©ments, du rayonnement infrarouge Ă©mis par la surface terrestre conduit, par effet de serre, Ă un rĂ©chauffement de la troposphère.
III.5. Effet de serre
Ce modèle d'Ă©volution du soleil prĂ©dit que sa luminositĂ© Ă©tait plus faible de 25 Ă 30% de l'HadĂ©en Ă l'ArchĂ©en. Si l'on considère que la Terre possĂ©dait durant cette pĂ©riode une atmosphère semblable Ă la nĂ´tre il faudrait alors attendre 2 milliards d'annĂ©es pour que sa tempĂ©rature de surface dĂ©passe 0°C, la tempĂ©rature initiale Ă 4,6 Ga Ă©tant comprise entre -43 et -23°C. La quasi-totalitĂ© des ocĂ©ans aurait dĂ» ĂŞtre couverte de glace. Les gĂ©ologues n'ont jamais relevĂ© de trace de glaciation globale durant cette longue pĂ©riode exceptĂ© quelques glaciers locaux Ă 2,9 Ga (glaciation ‘pongolienne') et Ă 2,4 Ga (glaciation huronienne). Ils concluent bien au contraire Ă une pĂ©riode chaude comme en tĂ©moignent notamment la prĂ©sence de cyanobactĂ©ries Ă 3,8 Ga et d'un cycle Ă©rosif de l'eau dĂ©jĂ actif ayant menĂ© Ă l'accumulation de petits cristaux de zircon il y a 4,4 Ga. L'eau Ă©tait donc dĂ©jĂ prĂ©sente 160 Ma après la formation de la Terre et les tempĂ©ratures ocĂ©aniques dĂ©duites des isotopes de l'oxygène et du silicium mesurĂ©s sur des roches siliceuses variaient entre 30 Ă 50°C (ArchĂ©en et PalĂ©oprotĂ©rozoĂŻque) bien loin d'un climat qui aurait dĂ» ĂŞtre globalement très froid comme le laisserait supposer un ‘Soleil pâle' de faible luminositĂ©. (Web 15)
Figure 18. Concentrations en CO2 de l’atmosphère nĂ©cessaire pour compenser une faible luminositĂ© solaire dans le passĂ©.
Le calcul a Ă©tĂ© fait en supposant un albĂ©do constant. Les zones en grisĂ© (fig.18) indiquent les concentrations en CO2 possibles. Durant les pĂ©riodes glaciaires, Ă 2,5 Ga et 0,8 Ga, elles ont Ă©tĂ© calculĂ©es en posant que les tempĂ©ratures moyennes de surface Ă©taient entre 5 ÂşC et 20 ÂşC. Pour les autres pĂ©riodes, pendant la majeure partie du PrĂ©cambrien, on a posĂ© que la Terre ne comportait pas de glaces. Échelle des abscisses : temps BP (en Ga) ; Ă©chelle des ordonnĂ©es : Ă gauche pression partielle de CO2 ; Ă droite, concentration en CO2 avec, comme unitĂ©, la pression partielle de CO2 de l’atmosphère actuelle. D’après ce modèle, la concentration en CO2 de l’atmosphère au dĂ©but du PrĂ©cambrien aurait Ă©tĂ© de plus de 100 fois celle d’aujourd’hui (Kasting, J. F., 1993).
Quel est donc le ou les responsables qui ont permis que la surface de la Planète fĂ»t chaude jusqu'au moins le PalĂ©oprotĂ©rozoĂŻque il y a 2,5 Ă 2,4 Ga ? Les tempĂ©ratures atmosphĂ©riques reconstituĂ©es Ă©taient comprises entre + 55 et + 85 °C Ă l'ArchĂ©en. Le candidat numĂ©ro 1 est le mĂ©thane (CH4), gaz Ă effet de serre bien plus puissant que le CO2. Le mĂ©thane, en l'absence d'oxygène Ă cette pĂ©riode prĂ©sentait des teneurs de 100 Ă 1000 fois la teneur de l'atmosphère actuelle. Concernant le CO2, l'Ă©tude de palĂ©osols, des BIF (= ‘Banded Iron Formation) et de minĂ©raux silicatĂ©s ou particuliers (pyrite, sidĂ©rite, uraninite) montre que sa teneur dans l'atmosphère prĂ©cambrienne Ă©tait de 10 Ă 1 000 fois l'actuelle. Leur origine est surtout liĂ©e au volcanisme. Il apparaĂ®t ainsi que durant une pĂ©riode couvrant au moins la moitiĂ© de l'histoire de la Terre l'atmosphère fut très riche en gaz Ă effet de serre. Pendant cette pĂ©riode la teneur en oxygène Ă©tait très basse (0,0001% de la teneur actuelle). Cet oxygène deviendra plus abondant (0,1%) Ă la limite ArchĂ©en/ProtĂ©rozoĂŻque vers 2,5 Ga, pour atteindre des valeurs proches de l'actuelle dès le Cambrien (il y a 0,541 Ga). C'est avec la photosynthèse suite Ă l'apparition des cyanobactĂ©ries que cet oxygène est produit autour de 2,5 Ga. Ainsi le faible ensoleillement d'une grande partie de la Planète fut compensĂ© par des gaz Ă effet de serre sans que cela n'empĂŞcha la Vie de se dĂ©velopper pleinement (prolifĂ©ration de procaryotes, et plus tard apparition des eucaryotes). (Web 15)
III.6. Volcanisme
Les trapps se sont formés entre la fin du Secondaire et le début du Tertiaire, il y a 60 à 68 millions d'années (fig.19). L'empilement de coulées de lave basaltique recouvrait à l'origine une superficie de 1,52 à 21 millions km2, pour un volume émis de deux à trois millions de kilomètres cubes ; l'érosion due à l'altération du basalte et la tectonique des plaques ont ensuite réduit la superficie à 500 000 km2 actuellement et le volume directement observable à 512 000 km. Ils reposent sur des terrains granitiques et de gneiss constituant un bouclier datant du Précambrien. Raisons et mode de formation sont encore mal connus, mais les scientifiques sont d'accord pour dire que le débit de lave émis était très important. Les épisodes éruptifs les plus longs ont pu durer plusieurs années, et se sont succédé de manière répétée pendant une période d'une durée estimée entre 30 000 ans et un million d'années pour former les trapps.
Une autre théorie pour la formation de ces coulées de lave dont l'origine n'est pas déterminée mais qui pourrait être météoritique, date d'il y a 65 millions d'années, donc contemporain des trapps.
Les trapps du Deccan ont pu jouer un rĂ´le dans l'extinction CrĂ©tacĂ©-Tertiaire par modification des climats Ă l'Ă©chelle mondiale. Du dioxyde de carbone a ainsi Ă©tĂ© Ă©mis lors du dĂ©gazage de ces coulĂ©es de lave, puis absorbĂ© lors de l'altĂ©ration du basalte qui les compose. Au total, la quantitĂ© de ce gaz rejetĂ©e initialement dans l'atmosphère au cours de cet Ă©pisode serait de 1,6 1018 moles, ce qui Ă©quivaut Ă la moitiĂ© du dioxyde de carbone actuellement dissous dans les ocĂ©ans. Cette hausse du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère se serait rĂ©sorbĂ©e en 1,5 million d'annĂ©es par l'altĂ©ration des silicates, et aurait entraĂ®nĂ© une Ă©lĂ©vation des tempĂ©ratures mondiales de 4 °C. (Web 16)
Figure 19. Carte géologique simplifiée de l'Inde avec les trapps du Deccan en violet. (Web 16)
IV. CONCLUSION
Depuis que la Terre existe, c’est-Ă -dire depuis 4,567 milliards d’annĂ©es, s’il est bien une constante c’est qu’elle n’est jamais restĂ©e figĂ©e telle quelle, et qu’elle fut sans cesse profondĂ©ment modifiĂ©e de façon plutĂ´t alĂ©atoire. Cela concerne autant les processus internes (notamment la composition de la lithosphère et les variations des mĂ©canismes affectant la dĂ©rive des continents) que les processus externes. Parmi ces derniers l’atmosphère n’a cessĂ© de varier du tout au tout notamment en ce qui concerne sa composition gazeuse. L’ensemble de ces processus internes et externes se sont sans cesse ‘tĂ©lescopĂ©s’ et ont entraĂ®nĂ© des rĂ©troactions complexes Ă l’origine des nombreux changements climatiques observĂ©s dans les archives gĂ©ologiques. A ces paramètres s’ajoutent Ă©galement ceux pilotĂ©s Ă l’Ă©chelle extraterrestre, parmi les plus importants citons l’activitĂ© du Soleil ou les variations des paramètres orbitaux de notre Planète (prĂ©cession, obliquitĂ©, Ă©cliptique). Le rĂ©sultat est une combinaison extrĂŞmement complexe de processus cumulatifs rĂ©guliers, irrĂ©guliers, linĂ©aires ou non, chaotiques souvent, jouant Ă toutes les Ă©chelles temporelles et affectant Ă tout moment le climat qui en constitue une rĂ©ponse. Physiciens, chimistes, biologistes, gĂ©ographes… gĂ©ologues tentent chacun Ă partir de son prĂ©-carrĂ© de dĂ©mĂŞler cet Ă©cheveau particulièrement difficile Ă comprendre. Les synergies entre les disciplines sont heureusement nombreuses et le système climatique est peu Ă peu mis Ă nu Ă travers les temps gĂ©ologiques.
Références bibliographiques et webographie
Bibliographie
· Courtillot, V. (2009)-« Voyage au centre de la Terre ».
· Deconinck, J-F. (2009) - « PalĂ©oclimats l’enregistrement des variations climatiques ».
· Foucault, A. (2009) - Climatologie et PalĂ©oclimatologie.
· Furon, F. (1972) -« Ă©lĂ©ment de palĂ©oclimatologie ».
· J. F., 1993, Science, 259(5097), p. 920- 926. Avec l’autorisation de l’American Association for the Advancement of Science.
· Poole. F.G, 1962, 1964 - Jurassique infĂ©rieur des États-Unis.
· Royer, D.L. (2001) Stomatal Density and Stomatal Index as Indicators of Paleoatmospheric CO2 Concentratio.
· Warren, J. K. (2010) - Évaporites Ă travers le temps: contrĂ´les tectoniques, climatiques et eustatiques dĂ©pĂ´ts marins et non marins - Earth Science Reviews, Vol. 98, numĂ©ro 3-4, 217-268 pp.
· Wolfe, J.A. 1993. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, 108, p. 195-205.